L' Opus 1 est la composition inaugurale à partir de laquelle un compositeur débute le classement de ses œuvres (majoritairement dans la musique allemande, depuis Beethoven jusqu'au milieu du XXe siècle), il est le socle sur lequel le compositeur décide de bâtir son œuvre. Guidé par cette idée, j'ai choisi de construire mon premier disque autour de trois « premières » œuvres , trois Opus 1 pour piano solo : la Sonate en Do majeur op. 1 de Johannes Brahms, la Sonate op. 1 d'Alban Berg et la Sonate op. 1 de Hanns Eisler. Bien que les trois pièces portent l' Opus 1, il ne s'agit pas forcément des toutes premières pièces écrites par les compositeurs : le numéro d'opus est aussi un geste artistique, un choix délibéré, non une simple indication chronologique.

En les réunissant, ce programme retrace l'évolution de la musique austro-allemande du milieu du XIXe siècle jusqu'au premier tiers du XXe siècle. Trois jalons de l'histoire de la sonate mèneront l'auditeur du romantisme jusqu'à l'atonalité. Trois sonates de trois grands compositeurs allemands, toutes trois à la fois œuvres de jeunesse et faisant déjà preuve d'une grande maturité, des œuvres flamboyantes et totales. Mais aussi trois œuvres d'avant-garde qui jalonnent ce bouleversement majeur dans la musique classique occidentale qu'est le passage de la tonalité à l'atonalité.

C'est en raison de leur beauté et de leur forme, des possibilités expressives qu'elles offrent et du geste fondateur qu'elles représentent que ces trois sonates se sont imposées à moi. Mon projet est de les interpréter de manière à ce que ce disque devienne à son tour un geste fondateur.

Pour enregistrer ce disque, j'aurai la chance de travailler avec Johannes Kammann qui est à la fois ingénieur du son et producteur musical, diplômé de l'Universität der Künste de Berlin. L'enregistrement aura lieu en juin 2024 à la Salle de Musique de la Chaux-de-Fonds : son acoustique hors du commun, à la fois généreuse et précise, conviendra parfaitement à ce programme.