Tissé d'histoires ancestrales, le Kabarais Bâtard est un spectacle de danse-théâtre et de scénographie animée. Il mélange les cérémonies, les contes et les légendes de divers horizons pour en faire émerger un monde nouveau, contrasté, absurde et moderne. Il choisit de se métisser, au risque de se brusquer et de se perdre. Il s'inspire de l'oeuvre "Les Maîtres Fous" de Jean Rouch (1955), tant pour sa qualité de documentaire que pour sa liberté et son carnaval sacré de rencontres incongrues. Jouer à être un autre, dans un instant de folie choisie et ritualisée, entrer de tout son être dans une peau et décider sciemment d’abâtardir son esprit pour y saisir ce qui détonne, dissone, se contredit, peut être salvateur, lorsque l'on refuse de s'en effrayer malgré le choc provoqué. Cela pourrait tenir à distance la folie véritable, celle qui ne laisse plus le choix? Le Kabarais se veut bâtard, évoquant, comme ces enfants adultérins ou illégitimes conçus en dehors des normes sociales que l'on dénomme ainsi mais que l'on appelle aussi "enfants de l'amour", un être mélangé, réunissant, même sans en être véritablement responsable, deux entités qui ne devaient pas l'être. Prônant effrontément le mélange des genres, des temps, et confrontant ce que tout semble opposer, il ne craint pas la transgression mais s'en fait une alliée.