2012 - Photographie - Texte de Lars Willumeit

The Dynamics of Dust

Philippe Dudouit a commencé à s'intéresser au Sahel en 2008, à travers de ses projets précédents, entamés en 2001, qui s'intéressaient aux structures sociales des mouvements rebelles à travers le monde. Historiquement, les habitants autochtones du Sahara, i.e comme les Touaregs, les Peuls, les Songhaï, les Maures et les Tubus ont toujours circulé librement à travers le Sahara. Ces dernières décennies, perçus comme des guides archaïques et exotiques, ils ont emmené des milliers et des milliers de touristes occidentaux, à travers ces paysages idéalisés et archétypaux de l'imaginaire Romantique occidental. Les mêmes zones qui faisaient, jusqu'en 2007, aussi partie de la route du Paris-Dakar. Mais avec l'industrie de l'enlèvement récemment mise en place, les règles du jeu ont changé, et cette ancienne destination de rêve s'est transformée en cauchemar, souvent mortel, pour les Occidentaux. Au premier coup d'oeil, la montée de l'Islam radical est en cause. L'on dit qu'il a transformé l'équilibre du Sahara, mais un regard plus pointu révèle une réalité beaucoup plus complexe. La zone doit maintenant faire face à un dangereux cocktail de sous-développement, de pauvreté, et de faillite de l'Etat. Dans cette nouvelle constellation, la population locale est confrontée à des groupes Salafistes et Jihadistes armés, des trafiquants de clandestins, des contrebandiers d'armes et de munitions, avec en plus des intérêts internationaux en compétition pour des droits de prospection d'hydrocarbures et d'uranium. Aujourd'hui, presque tout le territoire du Mali, du Niger, de la Mauritanie, du sud de l'Algérie et de la Libye sont devenus des zones rouges. Philippe Dudouit documente les nouvelles relations que la population de la bande Sahelo Saharienne a forgé avec un territoire qu’elle ne peut plus traverser librement, ou en sécurité. Qu’il s’agisse d’un ancien paradis touristique rendu inaccessible aux étrangers a empiré la situation, en privant une large partie de la population d’un revenu qui leur était essentiel. Ceci est du en grande partie à la culmination de la nouvelle dynamique par la proclamation de l’état indépendant d’Azawad en 2012, et l’éclosion d’une multitude de groupes Islamistes dans la zone, dont les activités ont résulté en une intervention militaire Française en Janvier 2013. Le manque de vision politique pour le futur de la zone ainsi que les échecs des politiques étatiques crée un scenario dans lequel une génération damnée est en train de grandir, d’autant plus étant donné le fait que l’on prédit que la population du Sahel va doubler d’ici à 2040. Le modus operandi de Dudouit est fondé sur la recherche et l’analyse, basés sur une documentation historique, géopolitique et cartographique en profondeur. Son travail exprime l’hybridité de plusieurs manières : dans la fusion de la lenteur de la photographie classique à la chambre grand format avec la post production numérique - en combinaison avec une sensibilité documentaire innovante et le privilégiement de portraits environnementaux. Sur un autre niveau, il fusionne ses analyses de constellations spécifiques avec ce qui pourrait être décrit comme la curiosité en apparence démodée d’un explorateur du 19ème siècle, et un engagement à trouver des constantes anthropologiques par la construction d’un index de groupes subalternes.  

Philippe Dudouit

Vit en Suisse, diplômé de l’Ecole de photographie de Vevey (Suisse) en 2000. Il atteint la seconde place aux Swiss Press Photo en 2003. En 2004, il remporte les KieferHablitzel Art Award et en 2005 il est invité aux World Press Photo Master Class. Le travail de Dudouit a été présenté dans de nombreuses expositions, notamment, Swiss Art Award,, Hip-Hop Film Festival de Berlin, Copenhagen International Documentary Film Festival, le World Press Photo, Coalmine Gallery à Winterthur, Centre PasquART de Bienne et la Empty Quarter Gallery de Dubaï. En 2008, il remporte un 1er prix du prestigieux concours WPPH (Stories-People in the News) pour son travail sur les combattants du PKK au nord de l’Irak et deux médailles d’argent au concours China International Press Photo (CHIP). En 2009, le WPPH (Stories-People in the News) lui décerne un 3ème prix pour son travail sur les rebelles Touareg au Mali et au Niger. En 2011, il est lauréat de la bourse fédérale de Design. Dudouit photographie régulièrement pour Time Magazine, GQ, D Magazine, L’Hebdo, Neon, Das Magazine, l’Espresso et le Monde 2. > En savoir plus sur Philippe Dudouit

 

La Fondation Engelberts a besoin de votre aide

Vous aussi, soutenez les artistes émergents

Découvrir comment nous aider